Alimentation et émotions
Alimentations et émotions
Nul n’ignore que le rôle fondamental de la nourriture est de fournir le carburant essentiel au bon fonctionnement de notre organisme mais l’alimentation implique également une dimension tantôt culturelle, tantôt religieuse mais aussi psycho-affective.
L’alimentation peut intervenir dans les mécanismes physiques de nos émotions et engendrer bien des perturbations : stress, anxiété, nervosité mais nous confère bien-être et apaisement.
En effet, l’alimentation influe sur les sécrétions hormonales responsables de nos émotions en favorisant ou inhibant la production d’hormones, de neuromédiateurs et autres substances psycho-actives.
Un exemple qui va vous ravir : le chocolat !
Qui ne s’est pas ruée sur une tablette de chocolat en période de déprime ?
Cet attrait « soudain » pour le chocolat proviendrait des substances aux vertus psychostimulantes (notamment la théobromine) qui vont favoriser la sécrétion de sérotonine, l’hormone du bien-être et nous procurer cet effet apaisant (mais provisoire).
Ceci peut avoir également l’effet inverse : une surconsommation de chocolat peut induire un pic de glycémie engendrant stress, nervosité…
Ceci pour vous expliquer que l’alimentation est utilisée de manière fréquente comme réponse aux émotions, mais que cette réponse est souvent mal adaptée, voire disproportionnée.
Vous rappelez-vous, lorsque plus petite, maman nous récompensait ou nous consolait par une petite douceur ?
De même que nos excès, nos « manquements »alimentaires peuvent aussi influer sur ces mêmes sécrétions et induire une émotion négative qui nous fera nous ruer sur les pires cochonneries alimentaires, voire même (que Dieu nous en préserve) créer des troubles du comportement alimentaire.
Un cercle vicieux, une espèce de vortex par lequel nous nous laissons aspirer risquant d’engendrer quelques soucis si nous ne nous prenons pas en mains :
Prise de poids émotionnelle, hyperphagie, boulimie, anorexie ou lorsque les émotions se confondent à l’alimentation.
Point n°1 : Pour combattre l’ennemi, il le faut le connaître.
Je vais détailler ici les différents troubles alimentaires de manière à mieux les cerner et les appréhender.
· La prise de poids émotionnelle
Différents cas de figure peuvent se présenter :
1. La vie sans cesse plus stressante, un manque d’affection ou d’attention, une sensation de vide en soi ou dans sa vie peuvent nous influencer à la consommation d’aliments gras et/ou sucrés.
Ces aliments vont nous apporter chaleur et réconfort de manière provisoire en provoquant la synthèse de dopamine, une hormone qui agit en mobilisant notre attention sur une chose. Il n’y a pas d’accoutumance, ces mêmes aliments provoqueront le même effet à chaque fois, à leur simple vision.
Chaque fois que l’on cède à la tentation, on augmente les chances de craquer une prochaine fois…
2. « Je ne mange pas beaucoup…et pourtant je grossis »
Un phénomène que j’ai longtemps moi-même dénié, je ne comprenais pas pourquoi mes patientes m’avançaient l’argument du stress et de la nervosité sur la prise de poids, sans pour autant que leur consommation alimentaire augmente.
Et bien si, le stress chronique est susceptible de provoquer une prise de poids abdominale, le Docteur Stéphane Clerget explique ce phénomène dans son livre « Les Kilos émotionnels, comment s’en libérer ».
Lorsque nous subissons des tensions, notre organisme, réagit, via la synthèse de cortisone, comme s’il devait combattre ou s’enfuir pour survivre. Ce qui va favoriser des dépôts d’amas graisseux au niveau abdominal.
· L’hyperphagie boulimique
L’hyperphagie se caractérise par une hyperalimentation régulière et incontrôlable.
Pour faire face aux situations de stress et aux émotions négatives, les hyperphages se réfugient dans la nourriture, ce qui rejoint un peu la prise de poids émotionnelle.
Comment la reconnaître ?
Lors d’une crise d’hyperphagie, on consomme une grande quantité d’aliments, en ayant le sentiment de perdre le contrôle tout en étant incapable de s’arrêter.
Une crise d’hyperphagie dure généralement deux heures durant lesquelles on mange sans aucune sensation de faim et jusqu’à la sensation d’être remplie.
Les caractéristiques clés sont les épisodes fréquents, les sentiments négatifs pendant et après la crise, l’absence de comportements compensatoires comme les vomissements ou la prise de laxatifs.
Vous vous soupçonnez d’être une hyperphage ? Voici quelques questions à vous poser :
– Est-ce que je pense sans cesse à la nourriture ?
– Mange-je en cachette ?
– Ai-je l’impression de perdre le contrôle ?
– Est-ce que je mange pour oublier mes soucis ?
– Est-ce que j’éprouve de la honte ou des regrets après avoir mangé ?
· La boulimie
De même que pour l’hyperphagie, la boulimie se manifeste sous forme de crises. A la différence qu’elle comprend des comportements compensatoires, des vomissements le plus fréquemment.
La crise apparaît sous forme de pulsion : pas le temps de préparer un repas, ni même de se mettre à table, un seul objectif…se remplir…
Se remplir de nourriture mais aussi de culpabilité, de honte et de peur…se remplir jusqu’à n’en plus pouvoir et c’est là qu’a lieu « l’état de conscience » :
« Toute cette nourriture, ces calories, et ces sentiments qui m’inondent. Je ne peux pas garder tout cela en moi, l’envie irrépressible de se vider, de se débarrasser de cette nourriture et de ce qu’elle implique se fait sentir…
Je suis vidée, les compteurs sont remis à zéro, demain je pourrais recommencer »
Les crises ont lieu une fois par jour, parfois plusieurs fois en fonction de la gravité du cas. Pour être sûre d’avoir tout éliminé, la boulimique va utiliser des laxatifs et diurétiques en plus des vomissements.
Il est souvent difficile pour l’entourage de se douter de la souffrance de leur proche. La boulimique se cache au mieux pour appliquer le seul « remède » qu’elle ait trouvé à sa douleur.
Voici quelques signes qui peuvent vous mettre la puce à l’oreille :
– Douleurs au ventre et à la gorge
– Amaigrissement
– Peau sèche, ongles et cheveux abimés
– Dents abimées par l’acidité des vomissements
– Aliments cachés dans la chambre
· L’anorexie mentale
L’anorexie est marquée par le besoin obsessionnel de maigrir et la peur de grossir.
Un instinct destructeur pousse la jeune femme à refuser de s’alimenter. Pour renforcer la perte de poids, elle ira même à se sur-activer : agitation, activité physique…
Tout comme la boulimique, elle a recours aux laxatifs, diurétiques et aux vomissements répétés.
La jeune femme est animée par le désir de contrôler son corps, son image, sa vie.
Pour combler ce vide, se rassurer et se sentir exister, elle ira jusqu’à mettre en péril sa santé et sa vie.
Comment reconnaître l’anorexie mentale ?
L’anorexique se restreint de manière draconienne, sélectionne les aliments et calcule les calories de manière rigoureuse. Elle prend souvent ses repas seules et à heures fixes.
Par contre, elle boit énormément d’eau (environ 3 litres par jour) pour se remplir l’estomac mais aussi se purifier et éliminer.
Elle bouge sans cesse pour éliminer plus rapidement les calories, son amaigrissement est souvent fulgurant.
Elle n’est jamais assez mince, d’ailleurs si on lui demande de se dessiner, elle aura tendance à se représenter toute potelée.
Un excès de perfectionnisme, un cruel manque de confiance et d’estime de soi, la peur permanente d’être jugée par autrui caractérisent l’anorexique.
Il lui arrive d’entrecouper son jeûne par des crises de boulimie, une période qu’elle vit comme une perte de contrôle et d’échec.
Point 2 : Je prends conscience du mal-être et j’agis.
Le chaos hormonal provoqué par cette suralimention ou par ce refus de s’alimenter ne va que renforcer ce mal-être.
La seule solution est de reconnaître sa souffrance et de se faire aider par un thérapeute, de préférence ayant une spécialité pour les troubles du comportement alimentaire.
Une diététicienne/nutritionniste vous apportera une structure alimentaire adaptée et progressive.
La prise de conscience est souvent douloureuse mais inévitable que pour pouvoir se libérer de l’emprise des « kilos émotionnels ».
J’espère sincèrement que vous ne vous reconnaîtrez pas dans les troubles décrits. Mais si c’est le cas et si vous ne trouvez pas la force de vous faire aider, parlez-en à un proche et puisez votre force en lui.
A vous, entourage, si ces signes vous rappellent quelqu’un, tendez la main avant que ne se fassent entendre les cris du désespoir.
Une création d’Allah, un dépôt, votre corps est beau, aussi imparfait soit-il.
Fi amaniLlah
Hanane Afellah
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